Homélie de l'Abbé Pierre BERGIER lors de la célébration pour l'anniversaire de Jean-Christophe le 6 juin 2022

  Nous venons d’entendre, dans le livre des actes des apôtres :

"Tous d'un même cœur, étaient assidus à la prière, avec les femmes, avec Marie, la mère de Jésus, et avec ses frères."

"Tous d'un même cœur", les jeunes, vous trouvez un mot pour définir : "tous d'un même cœur" ?... cordialement!

Répétons le même exercice :" avec les frères" ?... C’est... fraternellement... c'est être avec les frères, c'est être entre frères !

 

Je pense que nous pouvons garder ces deux termes pour décrire l'esprit dans lequel, nous avons voulu bâtir cette journée avec vous, paroissiens, membres d'ECP, amis, confrères de St Vincent et travailleuses missionnaires.

Cet esprit cordial et fraternel qui marquait les premières assemblées chrétiennes a laissé place à un esprit d'éparpillement et d’indifférence ; mais puisque nous sommes en ce lundi rassemblés pour vivre dans un esprit cordial et fraternel, gardons la mémoire, en ce jour anniversaire de sa naissance, le 6 juin 1939, de Jean-Christophe Demard.

Cet esprit cordial et fraternel lui correspondait bien.

Homme de cœur, il a su, dans le sillage de ses parents, scruter la vie d'antan et la recueillir soigneusement, à travers écoute et empathie.

N'était-il pas celui, qui au cours d'un repas de famille, se rapprochait de l'aïeul pour recueillir sa mémoire, combien de déplacements jusque dans les Vosges Saônoises, puis au Mexique afin d'accueillir le témoignage de cette vie, dont nous sommes tous issus et qui forme aujourd'hui encore notre culture et notre existence, bien qu'elle ait grandement changé.

Ecoutons ce qu'en écrivait Jean-Christophe Demard, en 1988 :

" Cette recherche fut épanouissante, parce qu’essentiellement axée sur la vie. Nous avons rencontré des personnes, et à travers les documents mêmes, nous nous sentions en lien avec la vie de ces paysans des Vosges saônoises. 

Il a fallu leur prêter une longue attention, tandis qu'ils évoquaient ce passé dont ils gardent une secrète nostalgie, regarder travailler, selon leurs méthodes amoureusement conservées, écouter leur langage pendant qu'ils parlaient à leurs bêtes, entrer dans leur logis pour partager leur repas. Il a fallu pénétrer dans la vie de la famille, s'imprégner de son histoire et communier à ses joies et à ses peines : ce n'est qu'au terme de cette longue approche, qu'il est donné de rencontrer vraiment une culture.

Mais l'entreprise valait largement les efforts : alors que les fermes disparaissent sous les ronces et que les champs sont rachetés par des promoteurs, éprouver soi-même et faire sentir aux autres comment une région est enracinée dans son passé, et combien nous sommes tributaires des générations précédentes, n'est-ce pas la plus belle récompense ?"

 

A travers toute cette activité ethnographique et de valorisation de notre patrimoine, grâce aux fêtes de St Vincent, animations du groupe folklorique, jumelage mexicain, autant de foisonnement de vie, à l'image de l'offrande du fruit de la vigne qui deviendra raison de réjouissances commune et qui sera enfin élevé au sein de nos assemblées, grâce à la consécration eucharistique en précieux sang du Christ !

Jean-Christophe Demard écrivait en 1980 : "Les fêtes sont toutes le témoignage d'une vie communautaire, d'une entraide particulièrement importante dans nos villes et dans nos bourgs."

 

Dans un acte d'offrande, de toute une vie, c'est en remerciement pour la vie offerte de l'abbé Jean-Christophe, que nous nous tournons vers le Seigneur Dieu, ici, ce matin, en cette terre chanitoise et pas n'importe laquelle: entretenue, restaurée, enrichie samedi après samedi, par les confrères et leur épouse, nos pieds reposent sur cette terre à travers laquelle la pioche, la bêche de La Félicie ont passé, c'était son jardin et autour de nous, cette vigne où Albert et Jean-Christophe...et les familles...ont sombré, sarclé et taillé afin que la terre donne le meilleur d'elle-même!

 

Le travail de la terre est en ce sens, école de vie !

 

Jean-Christophe Demard, homme du terroir a grandi à l'ombre de la longue pélerine de son père Albert, dit Le Bébert, sacristain, chantre et sonneur, et dans les jupes de Félicie, catéchiste et fleuriste de l’église :

L'abbé leur rendra hommage en 1988 :

"À mon père, à ma mère

Par leur simplicité de vie, leur accueil et leur foi, ils m'ont permis de mieux entrer dans la vie des humbles."

 

C'est au contact de l'abbé Berthod, curé de la paroisse, dans le dynamisme d'une vie chrétienne fervente que va naître sa vocation !

Jean-Christophe écrira au jour de ses 50 ans de sacerdoce : "Un jour, après ma profession de foi, je suis allé annoncer que j'entrais au séminaire de Besançon."

Le 29 juin 66, Monseigneur Dubois ordonnait l'abbé Jean-Christophe, prêtre, parmi les 16 autres ecclésiastiques, à la cathédrale de Besançon.

En 1987, l'abbé témoigne, dans sa conclusion du livre : La saga du Haut Gué :"En tant que prêtre, grâce à cette recherche, j'ai mieux appris à écouter les autres et à vivre simplement les rencontres humaines. La lecture quotidienne de l'Evangile m'affermit dans mes racines de chrétien ; partagé avec d'autres, cet Evangile crée des liens entre nous et nous renouvelle de l'intérieur. Je n'étonnerai personne, en disant que cette démarche spirituelle est pour moi complémentaire de la rencontre de notre temps ; elle est même indispensable."

 

Doué pour les études, une licence d'histoire en poche, ou plutôt, ... dans la tête, le Père Demard deviendra à son tour enseignant au petit séminaire de Luxeuil, puis plus tard auprès des Travailleuses Missionnaires, lui, qui à la suite de ses parents, s'était laissé enseigné par ceux de sa terre, lui ouvrant des horizons infinis dont la présence des T.M. manifestent l'universalité.

Il désirait cette dimension universelle pour chacun, lui, l'homme de la terre et l'homme du ciel, soulignant que l'on s'enrichit de nos différences.

Au terme de son homélie à l'occasion de ses 50 ans de sacerdoce, qui avait rassemblé 500 personnes à l'église St Christophe de Champlitte, il avait terminé par ces paroles de St Paul aux Ephésiens, c'était un peu son testament, je vous les partage :

"Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche. Mais, s'il en est besoin, dites une parole bonne et constructive, bienveillante pour ceux qui vous écoutent.

Faites disparaître de votre vie ce qui est amertume, emportement, colère, éclats de voix et insultes, ainsi que toute espèce de méchanceté.

Soyez entre vous plein de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns les autres comme Dieu vous a pardonné dans le Christ" !

Abbé Pierre Bergier IHS

 


Inauguration de la plaque du clos : "Albert, Félicie et Jean-Christophe DEMARD"

La Confrérie Saint-Vincent voudrait d'abord vous remercier d'être venus partager avec nous cet hommage à Jean-Christophe.

 

Merci à l'Abbé Pierre BERGIER.

 

Merci aussi aux Abbés Jean KYTA, Philippe SCHIRMANN, Etienne FETEL, Laurent BRETILLOT, Jean-Pierre POIROT ainsi qu'au Diacre Frédéric JACQUIN

 

Merci également aux travailleuses missionnaires de la GRACE DIEU et au GROUPE FOLKLORIQUE pour leur aimable participation.

 

Nous avons choisi ce lieu parce que ce clos était cher à Jean-Christophe, et qu'il aimait venir s'y ressourcer.

 

Mais aussi parce que ce clos a une histoire et qu'il représente le point de départ de la renaissance de la vigne à Champlitte.

 

Tout commence par la petite parcelle en contrebas, d'à peine 5 ares, dont Albert DEMARD a hérité de ses parents.

 

Au fil du temps, il achète les 5 parcelles supplémentaires qui constituent désormais ce clos.

 

Rêvant de reconstituer le vignoble chanitois, Albert, aidé par Daniel FOISSOTTE, défriche et en 1960 y plante des ceps de variétés anciennes qui sont prometteurs.

 

De ce fait, en 1962, la Confrérie Chanitoise de Saint Vincent, décide, en collaboration avec le Groupe Folklorique, de replanter en vigne, le Clos du Chapitre, qui se situait à l'époque en lieu et place de l'actuel Musée Départemental des Arts et Techniques.

 

Le résultat est très encourageant et c'est à partir de là, qu'en 1974, 30 hectares de vigne  sont replantés à La Pâturie.

 

Mais pour en revenir à ce clos, Albert et Jean-Christophe, ne se sont pas arrêtés à la plantation de la vigne. Ils ont également planté différentes variétés d'arbres et, aidés par Daniel, ils ont eu à cœur de restaurer les murgers, l'écoyeu et les cabordes, pour en faire ce havre de paix.

 

Dans son testament, Jean-Christophe a souhaité faire don de son clos à la Confrérie. En sa mémoire, et en la mémoire de ses parents Albert et Félicie, qui ont tous trois tant donné à Champlitte, nous nous engageons à entretenir ce précieux patrimoine.

 

C'est tout naturellement que les membres de la Confrérie ont choisi de baptiser ce clos :

CLOS ALBERT FELICIE ET JEAN-CHRISTOPHE DEMARD.

 

 

Mais avant de dévoiler la plaque, je voudrais remercier Monsieur Jean-François MAILLOT pour son aide précieuse à la réalisation du site internet de la Confrérie Chanitoise de Saint Vincent. En même temps que la plaque, vous allez découvrir un QR Code que vous pourrez flasher pour retrouver toutes les informations concernant ce clos, mais aussi celles concernant l'Abbé Jean-Christophe DEMARD. Ce site est récent, il est en construction et sera alimenté au fil du temps.

Daniel DAUTUN receveur de la Confrérie


Présentation de la plaque des Anciens de St COLOMBAN

Plaque Jean-Christophe 6 juin 2022

Depuis notre adolescence lors de nos études au petit séminaire St Colomban, où nous avons rencontré le Père DEMARD, une estime réciproque s’est forgée. Nous ne pouvions pas laisser son passage et nos liens avec Jean-Christophe entre 1969 et 1977 tomber dans l’oubli.

C’est pourquoi une plaque a été conçue pour lui rendre hommage. Cet hommage méritait qu’on le grave dans le marbre, ici, en l’occurrence de la pierre de Champlitte.

Plusieurs personnes ou entreprises ont participé à la fabrication de cette plaque. Je tiens à les citer et les remercier chaleureusement.

·       La marbrerie DELAMARCHE pour avoir fourni gracieusement la pierre venant de la carrière de Champlitte. Symbole de l’attachement de Jean-Christophe à son terroir et son territoire qu’il chérissait.

·       Le polissage de cette pierre, a été effectué par François REBESCHINI, dernier tailleur de pierre de Haute-Saône et même, de Franche-Comté. Son entreprise familiale est installée depuis 4 générations à Andelarrot à côté de Vesoul. Il offre également son travail en hommage à Jean-Christophe !

·       La gravure a été exécutée par l’intermédiaire de la marbrerie JEANMOUGIN de Vesoul et des spécialistes des VOSGES ; gravure par sablage à l’aide de pochoirs. Travail très complexe et de grande qualité. La marbrerie JEANMOUGIN sur proposition de Sébastien LEDUC, n’a pas pris de marge bénéficiaire sur cette commande et en plus a offert le médaillon céramique couleur de la photo de Jean-Christophe.

·       Le support a été forgé par mon ami Gérard DECHAMBENOIT de COLOMBIER. Aimablement, il a su mettre en oeuvre ses talents de forgeron pour créer et nous offrir le support avec des arrêtoirs en forme de croix mexicaines.

·       Avec également le nom de Jean-Christophe écrit PADRE JUAN, c’est l’histoire de l’émigration chanitoise au Mexique de 1831 à 1861, qui est ainsi rappelée. Vous remarquerez le logo de l’association Francia Mexico discrètement incrusté sur la photo du médaillon.

·       L’image gravée en blanc sur la plaque est celle de l’Abbaye St Colomban de Luxeuil. Jean-Christophe était très attaché à ce lieu dont l’histoire a débuté il y a plus de 1400 ans. Le Père DEMARD était à la fois notre professeur d’histoire et aussi le « Père Supérieur » donc le directeur du petit séminaire. Il nous a marqué par son ouverture d’esprit et son autorité très attentive. Nous sommes plusieurs ici à l’avoir connu dans cette fonction et nous en gardons un souvenir très respectueux.

·       Et le plus important est bien entendu le message de Jean-Christophe : « Nous nous enrichissons par nos différences ».

En scannant le QRCODE positionné en bas de la plaque, vous aboutissez au site de la Confrérie St Vincent. Sur ce site, créé très récemment, vous pourrez découvrir la vidéo pendant laquelle Jean-Christophe prononce ce message d’amitié et de paix, lors de la St Vincent du 22 janvier 2018.

Un souffle de modernité qui entre dans le cimetière de Champlitte. Cela aurait certainement fait sourire Jean-Christophe.

Plus personnellement, Jean-Christophe m’a demandé de lui succéder en tant que président des Anciens de St Colomban et de le remplacer pour les intronisations lorsqu’il s’est senti fatigué à cause de ses problèmes de santé.

Il m’a fait confiance ; je me devais de lui rendre hommage.

Jean-François MAILLOT président des Anciens

Dans la Presse (Presse de Gray et EST Républicain)